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le carnet vert
19 septembre 2009

répétition

Je me suis remis à triturer des encornets. On va finir par croire que chez moi c’est compulsif. Nous en avons acheté un kilo au marché de la Tremblade, dimanche dernier. Des petits, pas plus longs que la main, tous tentacules déployés. Nous avons longuement regardé l’étiquette, parce que nous n’en croyions pas nos yeux, à ce prix-là, 5 euros et quelques, c’était du jamais vu et c’eût été dommage de nous en priver. En prime le gars nous a gratifiés d’une poche de glace, car en effet nous avions de la route à faire, sans parler d’un petit détour par la plage et d’un pique-nique dans la forêt. Bref il nous fallait protéger notre précieux butin, même si le temps n’était pas précisément à la canicule, il y avait un vent d’est particulièrement sournois, et même si nous étions équipés d’un sac isotherme de bon aloi.

Le soir, à la maison, je me suis prestement attelé à la tâche. C’est que ça prend du temps, de préparer ces bestioles. Je me demande si je vais vous conter mes faits et gestes dans le détail. Peut-être pas. Même si je les connais par cœur. Oui, parce que ce soir nous avons des invités, et Elle a dit, peut-être que tu pourrais refaire des encornets, laissant entendre par là qu’elle avait beaucoup apprécié ceux que je venais de cuisiner. J’aime bien sentir qu’elle aime ce que je fais. Comme j’aime bien ce qu’elle fait aussi, et j’espère que je le lui fais comprendre comme il sied. De dire ça, ça me fait penser à ses photos de la côte sauvage (alors qu’en principe c’est moi le photographe de la maison ; en toute modestie, s’entend). Nous laissions le diaporama se dérouler sur l’écran de l’ordinateur et j’étais estomaqué… Je crois que ce sont ces photos-là que nous devons mettre sous verre pour accrocher dans le couloir. Nous avons justement acheté des cadres, un système ingénieux inventé par un touareg ou un togolais, je ne sais déjà plus ce que nous a dit la jeune femme du magasin qui était très jolie et avait des mains remarquablement fines. J’ai décidé à part moi qu’elle-même était touareg, tout en n’osant pas lui poser la question.

Pardon… ?

Oui. Je m’égare. Reprenons donc où nous en étions de mon histoire d’encornets. Pour résumer, parce que, comme on a dit, je ne raconterai pas tout en détail, j’ai coupé les tentacules à la limite de la poche d’encre (quand tu fais ça, tu as intérêt à te mettre sur l’évier, parce que de l’encre, tu en mets partout, à tel point que tout est sinistré autour de toi en moins de temps qu’il en faut pour l’écrire ; un conseil : mets un tablier. Ce que je n’ai pas fait, mais j’ai eu du bol). La poche d’encre elle-même, et l’intérieur du corps, je les ai mis sur le tas de déchets, puis j’ai coupé le corps en deux ou quatre morceaux selon la grosseur, et j’ai ôté l’essentiel de la peau. Ça n’a l’air de rien, mais quand il faut répéter l’opération une vingtaine de fois, ça devient vite assez lassant. Et surtout, ça prend du temps.

Tout le monde a suivi ? Il nous reste donc des corps d’encornets pelés et pour la plupart coupés en deux dans le sens de la longueur, et des tentacules. Que j’ai mis ensemble dans une sauteuse en compagnie d’un généreux filet d’huile d’olive. Une pause s’impose. A-t-elle suivi le rythme ? Je dis ça parce que je lui ai demandé de m’aider, à savoir en coupant quelques tomates en menus morceaux après les avoir pelées et épépinées (les tomates superbio du jardin), en éminçant un oignon et en écrasant une gousse d’ail. Heureusement qu’Elle m’avait proposé du renfort, parce que sinon, on n’aurait pas mangé de bonne heure.

Enchaînons. Les encornets sont dans la sauteuse avec l’huile d’olive. On allume la plaque à induction. Plein pot parce que ça rend de la flotte et il faut que ça évapore suffisamment. Il faut avoir du nez, parce que, quand ça commence à sentir bon, je verse dans la gamelle une rasade de prune et je fais flamber (vous pouvez le faire avec l’alcool qui vous chante, moi j’aime bien la prune), puis il faut saler légèrement, poivrer généreusement, éventuellement rajouter une pincée de piment de Cayenne. Personnellement je saupoudre de curcuma. On entend dire ça et là que le curcuma n’a pas de goût, mais ce n’est pas vrai. Ensuite il suffit de rajouter les tomates concassées, l’oignon et l’ail et laisser mijoter à feu doux le temps de boire l’apéro. Avant de servir, il n’est pas désagréable de ciseler sur le plat une touffe de persil (ou de basilic, mais perso je préfère le persil). Et voilà, le tour est joué, ce n’est même pas de la cuisine tellement c’est simple.

Donc dimanche soir, j’avais fait comme ça, et elle avait trouvé ça bon, et elle en redemandait parce que ce soir nous avons des invités. Bon. J’aime bien qu’Elle aime. Du coup, hier midi je suis monté au marché Notre-Dame (il s’appelle comme ça parce qu’il est à côté de l’église du même nom, qui est comme une sorte d’emblème de la région où je vis) et j’ai acheté des petits encornets, j’ai même embarqué tout ce qui restait au poissonnier, et si j’avais eu un râtelier, peut-être que de saisissement je l’aurais avalé, parce que les encornets étaient trois fois plus chers qu’à la Tremblade alors que ça ne fait même pas une semaine de battement, et qu’il y a moins de cent cinquante bornes d’ici à là-bas. Si j’avais su, j’en aurais carrément acheté quatre kilos là-bas, comme ça j’aurais passé ma soirée de dimanche à trimer avec mon laguiole au lieu de regarder des âneries à la télé.

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Commentaires
P
Fabeli : j'adoooorerais te les faire partager.<br /> <br /> Aline : des betteraves toutes prêtes ? pffff. <br /> <br /> Déesse Joye, si je comprends bien, il n'y aurait pas d'encornets aux Amériques ? Ni des calmars ? Ni des seiches ? Mon dieu !
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J
Oups, pardon pour le pseudo...les voix de l'iowagirl sont souvent impénitentes sinon impénétrables...<br /> <br /> ;-)
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D
Odidonc ! <br /> <br /> Triturer les encornets, bonjour l'exotisme, je n'ai aucune idée de ce que cela peut être ! Triturer...dans le temps, je faisais des titrations au labo de chimie, mais non, cela ne peut pas être cela...et puis les encornets, un instrument de musique ? des vieux pieds durs embellis de cors ? des trucs emballés dans un journal, comme des cornets de frites tels qu'on les trouvait en Angleterre ?<br /> <br /> Donc, je lis...<br /> <br /> Les tentacules ? Les poches d'encre ?<br /> <br /> Mon dieu, ami Phil va manger...l'écrivain Stephen King ? Ah non, pas possible, tout sauf qu'il soit cannibale, l'ami Phil, ô, s'il vous plaît, doux Seigneur !<br /> <br /> Je continue la lecture...<br /> <br /> Quelque chose, ou mieux, quelqu'un qui se fait sauter ? BIEN !<br /> <br /> Dans un filet d'huile d'olive ? MOINS BIEN !<br /> Surtout pour l'encornet, le pauvre.<br /> <br /> Et puis, va-t-Elle aimer ?<br /> <br /> Comment serait-ce possible le contraire ?<br /> <br /> Merci pour le texte, Phil !<br /> <br /> Bon appétit !
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P
Moi ce n'est pas en préparant les encornets que j'éclabousse partout si je ne me mets pas au-dessus de l'évier... c'est en ouvrant les poches de betteraves rouges toutes préparées-cuites-épluchées :))... eh que veux-tu je n'ai pas un jardin bio ! et puis la préparation des encornets étant un travail d'homme... <br /> Ceci dit, tu racontes bien, tellement bien que ça paraît tout simple ! <br /> :)
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F
J'adoooooooore tes recettes!!!!<br /> Et j'aime beaucoup les encornets, surtout les petits, comme ça, juste poêlés vite fait.
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le carnet vert
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