océan

Petit à petit je devenais seul.

Cela n’avait rien à voir avec la douloureuse expérience d’une solitude subie, non. Le sentiment est un peu difficile à exprimer.

J’étais là, face au large, debout dans le vacarme des vagues qui s’abattaient sur moi. Mon amour n’était pas loin. Il aurait suffi qu’une fois encore je me retourne et lui sourie pour l’encourager, j’aurais bien vu qu’elle était là, cernée d’écume, légèrement frissonnante, effrayée à l’idée que l’eau pourrait la submerger.

Nous étions tous deux debout, les talons ancrés dans le fond sableux, face au large, moi un peu un avant d’Elle, c’est pourquoi j’avais ce sentiment de devenir seul, un bref instant où j’étais déconnecté de l’ordinaire, où je n’avais plus conscience que de ces vagues puissantes et incessantes qui s’abattaient sur moi encore et encore, et qui me lavaient fugitivement de toutes les pensées sombres qui auraient pu me hanter.

Je me sentais devenir seul, et le vacarme de l’océan y était pour quelque chose, je n’entendais plus que ça, la vague qui s’abattait en grondant, et la suivante, et le friselis de l’écume, et tout ça occultait les appels des autres baigneurs, et les petits cris de terreur amusée qu’Elle laissait échapper lorsqu’une langue d’eau salée plus audacieuse que d’autres tentait d’atteindre ses cheveux.

Notre danse avec les éléments nous conduisait-elle à la transe ? Suivions-nous un rituel ? Je ne sais. Mais l’espace de quelques secondes je devenais seul. Il n’y avait plus autour de moi que le monde immense et mouvant.

Comments

[TJ]

Il y a de bonnes idées à glaner par ici!...
Ma réponse est un vague certes mais j'en écume de plaisir!...