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le carnet vert
8 juillet 2009

coup de foudre

Il paraît qu’à peu de kilomètres de chez nous, du côté de la ville, il a plu des cordes hier soir. Et il y avait des éclairs et du tonnerre. Des choses effrayantes. Du moins pour les femmes qui me racontaient cela. Parce qu’en ce qui me concerne, je n’ai pas tellement peur de l’orage. Du moins ça m’a passé depuis que j’étais gosse. Je crois qu’à l’époque j’ai dû voir tomber la foudre sur un transformateur électrique de la SNCF et que ça m’a foutu la trouille pendant un bon moment. Et encore je n’en suis même pas sûr, parce que qu’est-ce qu’on aurait fait à se balader près de cet endroit en pleine tempête. Non, on a dû me le dire après, par exemple le lendemain si l’enfant que j’étais demandait pourquoi les vitres du bâtiment étaient cassées, et il est possible que tout ça se soit amalgamé dans ma mémoire. Quoi qu’il en soit, je n’ai plus peur de l’orage. Du moins pas de la foudre. Même si on me racontait, toujours lorsque j’étais enfant, que si par malheur on n’avait pas calfeutré correctement la maison, la foudre se glisserait à l’intérieur, je ne sais pas, moi, par une fenêtre en espagnolette, par exemple, et me poursuivrait jusqu’à me happer au détour d’un couloir et me brûler, alors il ne resterait de moi qu’un répugnant petit tas de cendre. C’est pour cette raison, entre autres, que je me terrais dans mon lit, dissimulé du mieux que je pouvais sous draps et couverture. Autant vous dire que ça me donnait chaud, puisque comme chacun sait les orages sévissent de préférence en été. Ceci dit, bien que n’étant pas abonné à Tout l’Univers, j’avais accès à ce puits de science par mon copain Jeanjean, et je savais par conséquent que nos orages franciliens étaient bien peu de choses comparés aux tornades qui ravageaient couramment les prairies américaines, allant même jusqu’à embarquer les maisons et leur contenu. Du moins il me semble que j’ai lu ça. Ou alors la mémoire amplifie. De toute façon comme je le disais je n’ai plus peur de la foudre, pas plus que du tonnerre, qui est bien moins terrifiant qu’autrefois pour la bonne raison que je suis devenu à moitié sourdingue, ce doit être le rock n’roll. Mon copain Jeanjean n’est plus là pour corroborer mes dires, et j’ai la flemme de partir à la recherche de numéros de Tout l’Univers vieux de plus de quarante ans, si ça se trouve ce sont des pièces de musée, tiens faudrait que je me renseigne au sujet d’un éventuel musée de tout l’univers qui ronronnerait doucement au fond d’une sous-préfecture de province, on ne sait jamais. Quant à Jeanjean, c’est lui qui s’est pris pour un goéland, ou alors il a flippé à cause de l’orage, peut-être bien, et il s’est balancé depuis le haut de la falaise d’Etretat un soir qu’on était raide défoncé à l’acide, j’ai déjà raconté ça. Entre parenthèses, je me demande incidemment dans quelle catégorie je vais bien pouvoir classer ce que j’écris là, parce que ça a démarré plan plan sur un orage qui n’a pas eu lieu dans mon jardin, j’ai vérifié, et que ça a dérivé sans que j’ai trop maîtrisé quoi que ce soit vers de la totale fiction. Comme quoi, on vous met un clavier entre les mains, on pose en hésitant deux trois mots sur l’écran blanc, et tout d’un coup, hardi petit, ça démarre dans tous les sens, et un quart d’heure plus tard tu vois tout ébahi que tu as rempli une pleine page de A4 alors que tu n’avais rien à dire. Je constate que je raconte n’importe quoi et je ne peux même pas affirmer que ce serait une séquelle de la foudre. La seule fois où elle est tombée pas trop loin de la maison, je n’étais pas encore rentré du boulot. Pourtant c’était à peu près l’heure, mais j’étais passé faire une course au Leclerc et dieu sait que ça devait être urgent parce que sinon… Je me rappelle bien, en tous cas, que j’avais attendu un bon moment devant les portes automatiques du supermarché parce qu’autrement ma chemise aurait ressemblé à une serpillière, tellement il tombait des hallebardes et comme par hasard je m’étais garé en vitesse à l’extérieur au lieu de chercher une place dans le parking souterrain, et voilà à quoi ça avance de vouloir gagner du temps. Ce soir là, quand je suis enfin arrivé à la maison, mon épouse favorite m’a affirmé avoir eu la peur de sa vie, et j’ai fanfaronné comme un couillon en disant que moi je n’avais pas peur de l’orage, et je ne suis pas sûr qu’elle ait tellement apprécié. Quoiqu’il en soit, ce n’était pas du pipeau, parce que ça nous a fusillé la machine à laver, la plaque de cuisson et l’imprimante. Et aussi le magnétoscope, mais ça on ne s’en est pas aperçu de suite parce que l’été on ne regarde pas trop la télé, il n’y a que des conneries et des rediffusions, ce n’est même pas la peine d’enregistrer PJ ou Navarro. Ni Julie Lescaut. De toute façon, c’est fini tout ça. Les séries policières sont devenues de la daube. Et encore ce que je dis là, ce n’est pas sympa pour les carottes. Pour en revenir à la foudre, il y a maintenant une espèce de flou qui plane entre nous, mon épouse favorite et moi, parce que si l’un de nous évoque le coup de foudre, l’autre ne sait jamais bien du premier coup de quoi il veut parler. Soit c’est du coup de foudre qui nous a fondu l’électroménager pendant que j’étais à Leclerc et que ça lui faisait dresser les cheveux sur sa tête à elle. Soit c’est du coup de foudre qui nous a fait fondre tous deux lorsqu’on s’est regardé dans les yeux pour la première fois tandis que je ne sais pas ce que faisaient nos cheveux.

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Commentaires
P
Fabienne : ça illustre bien notre propos d'hier. D'autant que la réalité date un peu, ce qui la rend plus facile à travestir.<br /> Tout l'univers ? Ca, c'est le coté fiction pure !<br /> :-)<br /> <br /> Joye : je pense voir à peu près ce que tu veux dire mais je ne sais pas non plus comment le dire en français.
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J
Très joli exercice de "stream of consciousness", Phil (ne sait pas trop comment le dire en français).
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F
Réalité? Fiction? limite fragile, un pas à droite, un pas à gauche, les mots dansent sur le fil d'une vérité toute personnelle.<br /> <br /> Tout l'univers? Si tu veux, tu viens chez mon père, je crois bien qu'ils sont encore rangés sur l'étagère du salon, drrière la porte ajourée du buffet. Faut que j'aille voir ça! ;-)
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P
Je crois que l'orage laisse ses traces dans la mémoire de bien des enfants.
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G
Quand j'étais petite, mon père qui adorait l'orage m'emmenait, couverte soigneusement, me promener dessous pour l'admirer. je n'ai pas peur de l'orage, et j'ai un tendre souvenir du coup de foudre qui a bouleversé ma vie.
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