Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le carnet vert
17 février 2009

rosas

Il arrivait que les après-midi soient torrides. La Catalogne, alors était incandescente. Nous n’avions pas la solution de nous terrer dans notre chambre d’hôtel pour attendre que cela passe ; il n’était pas question non plus de nous étaler sur la plage. Alors nous déambulions pesamment dans les rues sombres, toujours les mêmes, les rues commerçantes, et nous réclamions des glaces ou des sodas à nos parents. Et chaque jour nous passions devant les mêmes vitrines emplies d’un bric-à-brac poussiéreux où je regardais d’un œil envieux les coupe-papier en forme d’épées. En fait je lorgnais une inaccessible épée, de la taille d’une épée, pas d’un coupe-papier. J’avais douze ans : mes jeudi après-midi étaient encore animés de piraterie et de batailles dans les bois de bouleaux qui jouxtaient notre jardin. Parfois nous allions traîner sur le port. Les pêcheurs commençaient à arriver, les étals se garnissaient de prises de toutes tailles. J’y ai même vu un requin. Ce n’est que le soir, lorsque les collines commençaient à s’empourprer, que nous montions par une petite route qui serpentait dans une campagne aride. J’avouerai que le paysage m’apparaissait dénué d’intérêt : je l’ai dit, aride. C’est que nous étions habitués à la verdure et aux hautes futaies. Nous montions ainsi, sur cette petite route sinueuse, jusqu’à ce que la ville s’échappe de notre champ de vision. Nous arrivions alors de l’autre côté d’un cap protecteur, et avant même qu’on commence à découvrir le large, nous entendions le halètement sourd des chalutiers qui un à un rentraient au port. Un peu plus haut, je me faisais une joie de les repérer, minuscules sur l’immensité houleuse, et produisant ce bruit si fort, et, comment dire, si rassurant, le bruit de la vie de l’endroit.

Publicité
Publicité
Commentaires
le carnet vert
Publicité
Archives
Newsletter
14 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 145 950
Publicité