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le carnet vert
28 août 2008

petite bière

J’aime bien la bière. Surtout fraîche. Et légère. Notamment lorsqu’il fait chaud. Mais j’y regarde toujours à deux fois avant de porter la chope à mes lèvres.

C’était au temps où la banlieue se construisait frénétiquement. Une hideuse lèpre de béton s’emparait des champs et des bois. Irrémédiablement.

En ce temps-là mon père occupait le plus clair de son temps libre au jardin, à bêcher, sarcler, biner, semer, tailler, ratisser, tondre. J’entends encore le bruit caractéristique de sa vieille tondeuse à main aux lames en hélice.

Parfois il remontait dans la cuisine le temps d’une pause, tout ruisselant de sueur. Je le voyais ouvrir le frigo et se servir un verre de bière. On l’achetait au litre chez l’épicier du coin. De la Valstar à étiquette rouge.

Un jour j’ai voulu goûter à ce breuvage mystérieux auquel mon père donnait l’apparence d’un nectar. On m’y autorisa. C’était infect. Je n’ai jamais eu l’idée de tremper mes lèvres dans le seau dont ma mère se servait pour rincer sa serpillière, mais ça aurait pu, avec les enfants tout est possible. Quoi qu’il en soit j’ai fait cette association d’idée bizarre : la Valstar, c’était comme du jus de serpillière.

En été il y avait toujours un litre de bière au frais. Pour le plaisir de mon père quand il remontait du jardin. Si bien qu’on a pu en offrir au Didou quand il est passé avec son gars. Le Didou est un cousin de ma mère, un artisan resté au pays. Ils devaient travailler sur un chantier dans le coin, il faut croire, puisque la banlieue se bâtissait frénétiquement.

J’étais à la grille, en train de jouer à regarder les autos passer, lorsque le Didou s’est approché. Je le connaissais mal, alors je ne l’ai pas reconnu. Surtout hors contexte. Intimidé, je suis parti en courant chercher ma mère, M’man, y a un monsieur à la grille !

Un peu plus tard, tout le monde était assis autour de la table en formica, et ma mère sortait la Valstar du frigo.

J’étais plongé dans ma contemplation de la buée qui ruisselait le long du verre orangé lorsque le Didou a cru bon d’affirmer que la bière était le breuvage favori de tous les artisans, même qu’une fois un type qu’il connaissait, un de ses gars, ou un gars d’une autre équipe, je ne me rappelle plus, a avalé un guêpe avec sa bière. La bestiole l’a piqué au fond de la gorge et il est mort étouffé par l’œdème qui en a résulté.

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Commentaires
S
Ah la valstar..... <br /> ;-)<br /> <br /> ça ne vaut pas une bourganel, hein !
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