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le carnet vert
3 juin 2008

brochet

Voici quelques mois, on m’a donné un brochet.

Dit comme ça, ça sonne alléchant, n’est-ce pas ? Pourtant, que va-t-on faire de ça, gémissait Elle. Cette idée ! Le manger, bien sûr, m’enhardissais-je à répondre aussitôt.

En voilà une perspective enthousiasmante.

Sauf que.

Quand et avec qui ?

J’ai eu de la chance, notez, parce que lorsqu’on nous a donné la bête, elle était déjà lovée dans le sac en plastique transparent qui va bien. Vidée. Prête à cuire (pensais-je). Avant de le jeter négligemment dans le congélateur, j’ai eu l’idée de peser le bestiau. 1,7 kilogramme. Mazette. Cela se confirmait : pour deux cela faisait beaucoup, nous devrions attendre une occasion propice.

Le brochet est ressorti du congèle samedi dernier. Non pas subrepticement, mais fort à propos. Dimanche midi avait lieu le repas annuel que nous faisons avec trois couples d’amis. Chaque couple s’engage à préparer soit l’entrée, soit le plat, soit le dessert, et apporte le vin approprié audit plat. Le couple qui reçoit, quant à lui, s’occupe de l’apéro et des fromages. Sans parler de l’intendance, bien sûr. Quand ça s’était organisé, j’avais immédiatement pensé que le brochet verrait là une destination parfaitement adaptée. Et j’étais bien content d’échapper de ce fait à la confection du dessert. Les autres ont paru intéressés par ma proposition. J’ai précisé, sans avoir la moindre idée de la façon dont je m’y prendrais, que cela constituerait l’entrée.

Exit donc la traditionnelle recette de brochet au beurre nantais. Y avait plus qu’à trouver une recette. Nous avons arpenté le web dans tous les sens, Elle et moi, pressé gougueule jusqu’au trognon, nous avons trouvé un nombre incalculable de brochets au beurre blanc. Mais des entrées sympas à base de brochet, macache. Si : des terrines. Mais bof. Dans les bouquins, même chose.

Un jour Elle a déniché une salade de cabillaud au fenouil et à l’orange qui nous a paru fort sympathique : il suffirait de remplacer le cabillaud par du brochet, et le tour serait joué. Soit.

Dans mon idée, il fallait que le poisson soit servi tiède. Il convenait donc de ne le faire cuire que le dimanche matin. J’ai compulsé mon Ginette Mathiot pour avoir une idée du temps pendant lequel le poisson devrait rester dans son court-bouillon. 25 minutes pour un kilo. J’ai donc extrapolé un peu, et hop, hardi petit, je suis allé chercher la poissonnière à la cave (eh oui, je possède un peu de matériel, mais pas les placards pour le ranger ; rassurez-vous, la gamelle est bien à l’abri de la poussière, dans son emballage d’origine).

J’ai retroussé mes manches et j’ai entrepris de sortir le brochet de son sac. Il m’a aussitôt glissé des mains et s’est affalé dans l’évier. Son aspect visqueux, glaireux même, ne m’inspirait pas trop, pour le coup. Sapristi, je croyais qu’il était prêt à cuire, qu’il n’y avait plus qu’à. Je l’ai donc courageusement empoigné à nouveau, non sans avoir préalablement ouvert le robinet, et j’ai entrepris de le rincer abondamment. Bon. J’ai ensuite entrepris de l’allonger dans ma gamelle. Consternation, il était bien trop long. Je me suis donc résolu à lui couper la tête et la queue. Je rappelle qu’il était déjà mort, hein, pas comme le canard de Robert Lamoureux. Je n’ai pas pour habitude de faire souffrir les animaux. Entre parenthèse, allez donc tronçonner un monstre pareil, tout gluant de surcroît.

Bref c’est à ce moment que j’ai réalisé qu’il fallait aussi ôter les écailles. Alors là, je passe sur les détails. Sachez seulement qu’après ça, il y en avait partout. Et que j’étais bon pour prendre une douche.

On croit avoir largement le temps de faire les trucs, mais là, du coup, il était déjà pas loin de onze heures, j’allais devoir passer la vitesse supérieure si on voulait manger avant l’heure du goûter. J’ai donc allongé mon brochet amputé dans la gamelle, j’ai recouvert d’eau, ajouté du sel, du poivre, une rasade de vinaigre, un oignon coupé en deux. Un court-bouillon classique, vous apprêtez-vous à objecter. Oui. A part que j’ai remplacé la carotte habituelle par une racine de gingembre. Et même que j’ai rajouté une cuiller de gingembre moulu. Vous me croirez si vous voulez, mais ça sentait très bon, en cuisant.

Côté salade, j’ai cueilli une batavia (bio !) dans le jardin. J’ai émincé finement un bulbe de fenouil (la recette de cabillaud me servant de support préconisait de le faire revenir à l’huile d’olive, mais j’ai zappé volontairement cette étape, il est resté cru). J’ai épluché l’orange et j’en ai coupé les tranches en petits morceaux. J’ai disposé tous ces ingrédients dans des boîtes hermétiques en vue du transport. J’ai préparé la sauce, oh une simple vinaigrette composée de vinaigre de xérès, d’huile d’olive, de moutarde à l’ancienne. Et de jus d’orange. Sans oublier le sel et le poivre. Tout cela serait disposé directement sur les assiettes des convives, agrémenté de quelques copeaux de gingembre confit et d’un joli morceau de brochet tiède… enfin froid.

J’ai servi là-dessus un sauvignon du Haut-Poitou plutôt bien adapté.

Tout le monde m’a semblé apprécier.

En tous cas il n’en est pas resté énormément.

J’ai pensé que les agapes ne démarraient pas trop mal.

P1000788

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Commentaires
J
rire ! à la lecture de la premiere ligne , un brochet , j 'ai pensé un tableau du peintre , alors qd tu dit on va le manger !!!!!!!! rire !!!!<br /> <br /> jm
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F
j'aurais voulu être petite souris pour observer le "combat" entre le cuisinier et le brochet ;)
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T
Je ne suis pas porté sur les poisons d'eau douce malgré les efforts d'un pêcheur d'élite!<br /> Mais si tu dis que c'était bon....
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P
rolala. Quand même !<br /> :-)
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P
Pendant un instant j'ai eu peur que ton brochet ne soit pas vidé :-)<br /> Bravo pour la dextérité à faire une super bonne entrée en deux temps trois mouvements !
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