buisson fleuri

J’avais la tête lourde. La fatigue, sans doute. Et puis j’en avais assez de ce temps grisâtre. De la grisaille, comme disent les présentateurs météo, qui ont dû faire leurs classes aux Beaux Arts.

J’avançais hagard de par les rues. J’avais le souffle court. A un moment j’ai cru que le sol allait se dérober. Pour un peu je me serais appuyé au chambranle d’une entrée de boutique. J’allais le faire, mais deux clientes en sont sorties (comme par hasard) et je me suis abstenu.

Je suis passé sans y penser devant un petit square abrité derrière un arrêt de bus. Oh, pas grand-chose, juste une courte allée vaguement gravillonnée partageant une modeste pelouse mangée par la mauvaise herbe, et qu’on avait oublié de tondre. Un banc à la peinture blanche écaillée. Personne assis dessus. Et puis quelques buissons hérissés de pousses tendres, certains fleuris.

Pour être exact je me suis rendu compte que les buissons étaient fleuris quand j’ai perçu le parfum caractéristique du seringat, un effluve à la fois voluptueux et fugitif. Je me suis dit alors que j’aimerais bien sentir encore l’odeur du seringat au moins mille fois. Ça me donnait conscience que j’étais vivant et c’était bien.

Ma fatigue ne s’est pas évaporée subitement, mais je me sentais néanmoins apaisé, heureux. Il suffit de peu.

Comments

[Syl69]

La magie des odeurs... c'est bien

[TJ]

Ton commentaire m'a fait plaisir, Phil! Merci d'avoir mis du bleu dans mon blog!

[fabeli]

Ah! oui, ce gris, ce gris qui n'en finit pas! On veut du bleu, beaucoup de bleu avec un rond jaune tout en haut. Comment ça s'appelle déjà?

[TJ]

Toute prise de verdure est bonne à prendre!

[Pralinette]

Dis donc, tu ne ferais pas contrôler ta tension ?