prothèse
Faites comme moi : tentez l’expérience. Ça ne coûte rien, et c’est tout bonnement ahurissant. Je sais que je commets un crime de lèse-modernité en vous proposant cet exercice, mais tant pis.
Mettons que, comme moi, vous bossez au centre ville, et que le midi, après avoir mangé à la cantine, vous sortez faire une course. N’importe quel centre ville fera l’affaire. Si vous n’avez pas de cantine, tant pis pour vous, et si vous n’avez pas de course à faire, sortez quand même vous promener. Attention, l’expérience est quand même plus facile à faire s’il n’y a pas d’intempéries. Et si vous travaillez en plein milieu de la forêt ou dans une zone industrielle, je ne peux rien pour vous. Encore que rien n’indique que ça ne marche pas dans les zones industrielles.
Bon. Vous êtes donc, sur le coup de midi et demie, en train d’arpenter les rues piétonnières. Arrêtez-vous quelques secondes, n’importe où du moment qu’il y a du monde. Comptez les quidams entrant dans votre champ visuel, tous sexes et tous âges confondus. Comptez maintenant ceux qui parmi eux ont une prothèse vissée à l’oreille (droite ou gauche, ça n’a pas d’importance). Enfin je veux dire un téléphone portable. Faites grossièrement un pourcentage : vous verrez, c’est hallucinant. Je suppose que toutes les bonnes paroles ainsi véhiculées simultanément par la voie des ondes sont hautement urgentes et indispensables.
Allez, je sais qu’on va m’objecter que moi aussi je suis équipé d’une magnifique prothèse noire de chez Nokia. Certes. Sauf que je ne m’en sers que lorsque j’en ai besoin. Par conséquent, elle attend bien sagement sur mon bureau pendant que je vais acheter mon pain en ville.