billes
Indifférent aux passants qui arpentent la rue à grandes enjambées, un jeune garçon est assis en équilibre instable, les jambes repliées sous lui, sur le seuil d’une porte étroite ouvrant entre deux vitrines. Il monologue, entièrement absorbé par son occupation du moment : il joue aux billes.
Tiens, il y a donc encore des enfants qui jouent aux billes, de nos jours ?
Je soulève le rideau de la mémoire. La vitre reste embuée. Je distingue vaguement une cour d’école. Des marronniers aux feuilles roussies. Des petits groupes de garçons penchés gravement sur des savants agencements de billes. D’autres qui comparent leurs trésors sous le manteau. Les billes en terre, vulgaires, ne valent pas lourd comparées à celles de verre irisées de couleurs vives, et surtout aux rares agates, délicatement nuancées.
Si ma mémoire est bonne, j’étais loin d’être un champion.