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le carnet vert
13 novembre 2007

prendre sa main

J’avais dix-sept ans. Ma sœur, quatorze. Ce samedi après-midi elle organisait une boum dans le garage.

L’ambiance était torride, la limonade coulait à flot.

L’exiguïté du lieu ne nous avait pas rebutés, mon copain Jacques et moi. Nous nous étions joints à la fête.

Bientôt les longs cheveux d’une fille s’éparpillaient sur mon t-shirt et me chatouillaient le nez, tandis que nous tournions lentement, enlacés au rythme d’un slow langoureux (mes neurones n’ont pas retenu lequel). Martine. Une des rares personnes présentes que je ne connaissais pas encore.

Mais avec les filles je ne sais pas, je ne sais pas…

Je me trouvais propulsé sur une autre planète. Je rêvais d’étreintes et de baisers. Les jours suivants, je n’avais plus la tête à ce que je faisais, les révisions du bac étaient en cale sèche, mes jambes flageolaient alors que je retournais inlassablement dans ma cervelle les possibles scénarios de ce que serait la suite. Car j’avais été touché, n’est-ce pas, et je n’envisageais pas une seconde de classer Martine au rang des agréables souvenirs.

Quand il faut ou quand il faut pas…

J’ai osé. J’ai rédigé une lettre laissant deviner ma flamme sans la déclarer franchement. Je l’ai glissée dans une enveloppe et je l’ai remise à ma sœur afin qu’elle la transmette à l’intéressée. J’ai proposé un rendez-vous.

Elle a accepté.

Le jour dit, j’ai séché la cantine. Qu’on se rende compte combien il faut être amoureux pour en arriver à de telles extrémités ! J’ai pris le train pour Saint-Michel, et je suis allé me poster à la sortie du collège. Martine n’a pas tardé à me rejoindre, et je ne me suis pas plus soucié de qui pouvait nous voir ensemble, je ne voyais qu’elle. J’étais fébrile. Nous nous sommes dirigés en silence vers les allées ombragées du Bois des Roches. Nous avons parlé de choses et d’autres. Je me souviens : il faisait temps superbe ce jour-là, les rayons du soleil dansaient à travers le feuillage neuf des châtaigniers.

Parler du temps ou bien parler d’amour…

Je l’ai questionnée sur ses goûts musicaux. Aimait-elle les Beatles, par exemple ?

Je lui ai dit I want to hold your hand, et j’ai joint le geste à la parole.

Après quelques secondes de tension silencieuse, elle a retiré sa main.

Le monde s’est écroulé.

Elle a dit non.

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Commentaires
R
Et tout ça pour en arriver à une autre qui a pris ta main et ne l'a pas lâchée...sauf pour faire des sudokus...!
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F
quelle déveine :( j'en suis toute retournée, c'est vrai que je m'attendais à un "happy end", parti comme c'était parti...Pourtant tu semblais avoir bien fait les choses, vraiment c'te Martine, je suis s^^ure qu'elle a eu des regrets ;)
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S
Dis donc, la chute est rude. On s'attendait à autre chose en te lisant
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