éveil
Le train surgit du sombre. Du bleu sombre. De celui qui envahit les campagnes au petit matin.
Il surgit.
Le voilà dans une zone à la clarté blafarde. Il longe une vaste étendue blanchâtre et mouvante. Un voyageur qui, à l’instant émergeant du sommeil et jetant un regard machinal par la vitre, verrait cette présence instable, s’écrierait à part soi « La mer ! ».
Mais d’océan, il n’est point.
Au loin scintillent les lumières d’une ville qui s’éveille.
La fausse écume se fend alors, et s’écarte.
Des automobiles indistinctes fuient sur les levées tandis que le convoi franchit le fleuve.
L’eau est là, qui n’est pas de mer mais tente néanmoins le regard. Un regard qui n’a pas le temps de s’attarder : le tégévé roule trop vite. Déjà il s’enfonce dans le tunnel, parmi les habitations troglodytiques et les coteaux couverts de vigne.