véranda
Sur l’arrière de la maison, la véranda forme comme une verrue du plus laid effet. Je dis ça parce que je n’aime pas qu’une vieille maison soit défigurée par un appendice de mauvais goût. Quoi qu’il en soit cela n’a pas d’importance, ce n’est pas ma maison, même si j’y ai mes habitudes. A la vérité, j’aime bien, finalement, être assis sous la verrière lorsqu’il fait beau mais pas trop chaud encore, et rêvasser en regardant les arbres en fleurs, la pelouse fraîchement tondue, la chienne qui file en aboyant vers un intrus imaginaire, parfois des enfants qui effeuillent des pâquerettes, et qui s’aiment un peu beaucoup à la folie pas du tout. J’imagine alors que j’entends au loin le grondement des eaux noires de la rivière, et la scansion lente de la micheline, sur l’autre bord de la vallée. Je rêvasse. Peut-être qu’on me parle et que je n’entends même pas. Ce sera une bonne occasion de me chahuter. On me reprochera ces quelques secondes volées au temps.