le corbusier

Texte imaginé lors d'un atelier d'écriture.

« Sa chambre est là… au troisième étage ». Se dit-il. Il voit cet immeuble plutôt laid, il le voit en plongée, légèrement de biais, et dans son crâne cela forme une belle image, une de celles qu’il aime cadrer. Il se dit encore que merde, il n’a jamais l’appareil sous la main au bon moment.

Sa chambre est là…

Soudain un passant le bouscule, qui ne s’excuse pas. Il ne dit rien, il est perplexe.

En vérité il est effrayé, il blêmit, il est en sueur.

Il lève les yeux, il regarde longuement, hébété, le pavillon du Brésil, de l’autre côté de la rue, ce bâtiment de la cité universitaire imaginé par Le Corbusier, et qu’il ne se lasse pas d’admirer à chaque fois qu’il passe devant. Non pas qu’il aime particulièrement ces quadrilatères de béton, ou qu’il voue un culte particulier à l’architecte suisse, non. Mais il est fier d’avoir pensé un jour, tiens ce bâtiment, avec ses balcons aux couleurs vives disposés sans rythme, on dirait du Le Corbusier. Il avoue à part lui qu’il y a pas mal de vanité dans cette réflexion.

Sa chambre est là…

Des yeux il cherche un banc pour s’asseoir, c’est que ses jambes se dérobent un peu, il est tellement surpris. Enfin surpris… Choqué, oui. Il cherche un banc. Il n’en trouve pas. Il continue son chemin le long du stade. Il s’assiéra dans le bus, voilà tout. S’il parvient à atteindre l’arrêt sans s’évanouir.

Sa chambre est là…

Pourquoi faut-il donc qu’il voie un immeuble quelconque d’une cité quelconque d’une banlieue de province, en plongée de surcroît,  alors qu’il regarde le pavillon du Brésil, qui n’est pas un immeuble quelconque ? Et en contre-plongée.

Et pourquoi pense-t-il soudain à cette fille qu’il a aimée et qui l’a quitté depuis plus de vingt ans ?

Comments

[Syl]

Pourquoi les fenêtres du 3eme étage inspirent des histoires qui ont mal fini ?