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le carnet vert
11 novembre 2006

le soleil des scorta

scorta

C’est marrant, je ne sais pas quel est ce miracle, mais je lève mon nez de ma lecture pile au moment où le train passe près des éoliennes, ça ne rate jamais. Cette fois encore je m’extrais de ma passionnante lecture, j’avise dans la grisaille beauceronne un hangar, quelques silos décatis, et juste derrière, la première de ces hautes colonnes de métal blanc, surmontée de trois pales en mouvement. Un regard panoramique m’apprend vite que les autres machines sont un peu en retrait, fidèles au poste, animées du même mouvement lent, leur tête étrange clignotant dans les nuages. Au loin, se détachant sur le ciel plombé, les lumières clignotantes attirent l’œil sur une autre groupe d’éoliennes, vues de mon point d’observation fugitif plus petites que ces bâtonnets scintillants qu’on plante parfois sur les gâteaux d’anniversaire. Je suis satisfait. J’ai vu les éoliennes.

Je disais que ma lecture était passionnante. Oui. Je recommande chaudement de s’immerger dans ce roman de Laurent Gaudé. Rêveur, j’en regarde machinalement la couverture et je remarque qu’il s’agit du Goncourt 2004. Je me disais bien, aussi, qu’il s’agissait d’un titre connu. Amusant que je ne m’en sois pas aperçu avant d’avoir englouti la moitié de l’ouvrage, pourtant orné d’une belle photo en sépia.

Je ne vais pas me lancer dans ce que je ne sais pas faire, à savoir une longue dissertation sur le contenu du livre. L’auteur retrace ici l’histoire de plusieurs générations d’une même famille, dans un lieu quasiment unique, un village brûlé de soleil perdu au fin fond des terres arides des Pouilles. Il y a la mer, il y a des oliviers. Et un ciel limpide. Et des pierres surchauffées. Je perçois cette histoire comme un hymne à la vie simple (et quelque peu violente, les protagonistes à l’origine de la lignée étant des brigands notoires) et un éloge de la famille. Un des personnages, au moment de mourir, avoue à un de ses frères que le plus beau moment de sa vie a été un festin organisé par ce dernier pour la famille au complet des décennies auparavant. Il se sent un peu honteux d’avouer ce souvenir qu’il croit banal, et en même temps il en a les larmes aux yeux. Les rapports entre oncles et neveux sont également particulièrement intéressants, qui sont des échanges privilégiés permettant de dire les choses, de faire en sorte qu’il ne perdure pas de non-dits dans l’histoire familiale. Beau sujet de réflexion.

Je n’en dis pas plus. Laissez vous griller au soleil des Pouilles, cela en vaut la peine. Et selon l’expression consacrée, cela se boit comme du petit lait (je vous laisse essayer, personnellement je préfère un petit noir).

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Commentaires
S
Lignes de faille : je viens d'en entendre parler...et ça m'a donné envie !
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D
tu oublies de préciser qui te l'a gentiment prêté!! mais si tu as aimé lui, tu aimeras encore mieux Lignes de failles.
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P
bon : je vois que le bouquin n'intéresse personne...
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P
Il y en a aussi visibles du train qui va vers Orléans, non ?<br /> Bonne trouvaille la comparaison avec les bougies d'un gâteau d'anniversaire... je n'y avais jamais pensé ; je retiens...<br /> <br /> Amitiès<br /> <br /> P@sc@l
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S
C'est le début de ta note qui m'interpelle....et je me dis que j'ai trouvé le coupable. En effet, au moment des grands départs, quand je prends l'autoroute du soleil, il y a toujours un ralentissement au niveau de Donzère. Au début, je me disais : "doit y a avoir qq un en panne, ou un accrochage"....Que nenni, le ralentissement a toujours lieu juste avant les éoliennes qui bordent l'autoroute.....et se résorbe juste après !<br /> Tu ne serais pas un peu à la cause de tout ça , toi ? <br /> ;-)
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