construction
Il y avait un vaste trou. Sur lequel régnaient de grandes grues jaunes.
On a comblé le trou, ou peu s’en faut. Les grues sont toujours là.
Non loin des fenêtres de mon bureau, le temps a fait surgir du trou un quadrillage de béton gris, encore hérissé de tiges d’acier. De hautes parois s’élancent maintenant verticalement, à l’assaut des grands pins d’un parc voisin, hautes jusqu’à mi-grue.
D’aucuns s’irritent déjà de cette modernité aveugle qui risque de défigurer le quartier.
Chaque projet a bien sur ses détracteurs, celui-ci comme les autres, qui a l’ambition de doter la ville d’une salle digne de ce nom pour ses spectacles.
Personne ne semble pourtant s’être offusqué, à ma connaissance, de la laideur des bâtiments reconstruits dans l’après-guerre. Ce n’est pas pareil, je suppose. Et pourtant. Il a fallu reconstruire. Comme là, il fallait bien mettre quelque chose à la place de l’ancienne caserne, assez affreuse aussi et qui tombait en ruine.
C’est vrai que pour l’instant le béton gris et nu et inachevé est assez peu avenant. Mais j’ai confiance. Pourquoi ne l’aurais-je pas. Modernité et patrimoine ne se marient pas toujours mal. Les musées de la ville, l’un entièrement moderne, l’autre mêlant des éléments de verre et d’acier à une structure plus ancienne, font bien de l’œil sans dommage au baptistère Saint-Jean.