assoupissement
La fenêtre est grand ouverte sur le printemps.
C’est dimanche. Dehors la ville bruisse doucement. Le monde est en paix, nulle stridence policière ne retentit.
Au sud le ciel blanchit. On ne sait si c’est de brume ou de pluie à venir. De l’opacité s’extrait un cumulus assez hardi pour s’encadrer dans le milieu de la croisée béante.
Harassé, les jambes lourdes d’une journée de déambulation dans la foire, je gis sur le futon, la tête appuyée sur le vert cru du mur, face à ce cumulus vagabond. Insensiblement je perds le fil de ma désastreuse nouvelle (L’architecte du désastre est le titre du livre que j’ai entre les mains), mon regard suit le lent mouvement du nuage esseulé, et j’oublie.
Je n’ai pas mesuré la durée de mon absence. J’en reprendrais bien un peu, mais j’avais évoqué la possibilité d’une promenade au parc Montsouris. Je me force alors à me lever. Je referme le livre sur ses désastres. Dans la fenêtre ouverte le bleu est une invite. Loin au sud le ciel blanchit. Par bonheur : loin. Le cumulus vagabond a disparu.