temps perdu
L’autoroute enjambe le fleuve, puis la voie ferrée. Elle effleure la ville en son cœur. Elle effleure aussi les villes adjacentes, comme Saint-Pierre, Joué, et d’autres. Si bien qu’on a l’impression d’une éventration.
L’autoroute met à nu les entrailles de la ville. Au hasard de cette boucherie de béton apparaissent des hypermarchés cernés d’immenses parkings parfois empilés sur plusieurs étages. Pour être juste, deux hypermarchés dont je tairai les noms à quelques kilomètres de distances et rivalisant d’immensité. Il semble qu’en ce samedi après-midi pas un seul emplacement de stationnement soit demeuré vide sur ces parkings cyclopéens.
Combien peut-il y avoir de véhicules sur chacun de ces parkings ? Difficile à évaluer. Mettons qu’il y ait mille véhicules, avec en moyenne deux personnes par véhicule, ça nous fait deux mille personnes qui ont du temps à perdre. Je sais le temps qu’il faut pour remplir un caddie de supermarché, entre trois quarts d’heure et une heure. Arrondissons à une heure. Multiplié par deux mille personnes, ça fait deux mille heures, soit quatre vingt trois jours. Ajoutons à cela un quart d’heure de queue à la caisse : par deux mille personnes, cinq cent heures, plus de vingt jours. Vous imaginez ? 103 jours, presque le tiers d’une année. Tout ce temps perdu pour un seul supermarché, si on le multiplie par la pléthore de super et autres hypermarchés qui prolifèrent partout dans notre beau pays, vous vous rendez compte de la masse vertigineuse de temps perdu ? C’est tout bonnement effrayant.