diots
Que faire dans une cuisine quand on dispose de deux diots qu’on a sortis du congélateur, d’un bel oignon et d’une bouteille d’apremont ? Hein que faire, je vous le demande ?
Et bien c’est ce que j’ai fait.
Bon je le concède, je n’étais peut-être pas très attentif, les oignons ont légèrement carbonisé. Il n’empêche que c’était prometteur, le fumet était alléchant. Pour un peu j’étais transporté ailleurs, tiens.
Je me souviens d’un marché de noël, c’était sur la place, devant la gare Perrache. La foule dense se mouvait lentement entre les chalets, nous étions portés. Des parfums de vin chaud et de barbe à papa se mêlaient, mais par-dessus tout c’était cette odeur presque écoeurante des diots au vin blanc qui dominait. Nous en avons acheté pour notre repas du soir, et pendant tout le voyage du retour l’odeur s’échappait du coffre et envahissait l’habitacle de la voiture blanche…
Voila, je rêvassais, mes oignons se carbonisaient. On frappait à la porte, je criais d’entrer, Olivier apparaissait à travers un écran de fumée. C’est vrai que mes oignons cramaient. Je reversais un peu de vin dans la poêle. Cela produisait un petit bruit agréable. Et un nouvel effluve agréable. Je baissais la puissance de la plaque à induction.
Olivier venait juste me demander un service. Mais je l’ai prié de s’asseoir. J’ai sorti des verres et la bouteille de whisky. Et nous avons longuement parlé de tout et de rien, de nos joies et de nos peines, vous savez ce que c’est. Et puis Elle est revenue du yoga, elle s’est assise avec nous et nous avons parlé encore. Nous ne nous sommes saoulés ni d’alcool ni de paroles, n’empêche qu’après il était trop tard pour aller au ciné comme nous l’avions prévu.
Et les diots étaient trop cuits.